Tous les logos sont dans la nature : #1 Les fleurs

Une fleur, c’est quoi ?

Âmes romantiques s’abstenir, ce paragraphe comporte des informations pouvant altérer votre idéalisme : la fleur est en fait la partie d’une plante comportant ses organes reproducteurs. Dans la plupart des espèces, l’organe mâle, l’étamine, côtoie l’organe femelle, le pistil. Dans d’autres cas, la fleur renferme tour à tour l’organe mâle et femelle. On parle alors d’hermaphrodisme successif ; chez les animaux, c’est également le cas du poisson clown (découvrez-en plus sur le poisson dans notre article). De nombreux facteurs permettent au pollen d’atteindre le pistil : ces vecteurs de pollinisation (c’est le joli nom de la reproduction sexuée chez les fleurs) peuvent être biotiques (insectes, oiseaux, petits mammifères…) ou abiotiques (vent, eau…). Parfois, le pollen voyage seulement à l’intérieur de la plante : c’est l’autopollinisation.

La pollution et l’agriculture intensive menacent l’intervention animale, indispensable dans 80% des cultures agricoles. Une solution pour diminuer notre impact sur les insectes pollinisateurs est de planter des fleurs au sein des cultures de fruits, légumes et céréales. Petit conseil jardinage : en cultivant 1/3 de fleurs dans votre potager, vous attirez les pollinisateurs et éloignez les nuisibles. Eh oui, il est grand le pouvoir des fleurs 🎶

Le langage des fleurs : pas toujours clair…

S’il est plutôt facile aujourd’hui de faire passer un message à distance grâce à des émoticônes plus ou moins subjectifs, il était bien plus difficile de se faire comprendre au XIXe siècle. Les fleurs sont, depuis l’Antiquité, chargées de sens et d’informations. Leurs significations et leurs combinaisons au sein d’un bouquet étaient autrefois analysées avec minutie ; il valait donc mieux s’y connaître si on voulait que le/la destinataire comprenne bien le message… L’ouvrage de Robert Thyas, The Sentiment of Flowers, paru en 1836 était une référence en termes de floriographie (l’interprétation du langage des fleurs). Il y avait aussi d’autres recueils, qui au travers de récits mythologiques et religieux pouvaient donner une définition différente de la signification de certaines fleurs. Et quand on sait qu’en fonction des régions, pays et cultures, cela pouvait encore changer, demander un rendez-vous galant ou déclarer sa flamme devenait un véritable casse-tête. Ce qui justifiait le temps démesuré passé à choisir un bouquet à l’époque victorienne (pour éviter de se faire envoyer sur les roses) !

Savez-vous qu’on offre plutôt un nombre impair de fleurs pour un évènement heureux et qu’un nombre pair est signe de mauvais présage voire de moments douloureux ; que la jonquille représente la mélancolie, l’œillet jaune le mépris et le lys orange la haine ? Parmi les croyances quasi universelles, le muguet porte bonheur et la rose rouge est une déclaration d’amour. Née des larmes de la déesse Aphrodite mêlées au sang de son bien-aimé Adonis, cette fleur est considérée comme le symbole de l’amour intense et de la passion.

Histoire de fleurs et fleurs de l’histoire

Et oui, si les fleurs traduisent des mots, elles racontent aussi des histoires voire des faits historiques.

Le glaïeul, par exemple, tient son nom du mot « glaive ». Avec sa tige longue comme une épée sur laquelle sont accrochées des clochettes (tendez l’oreille, elles crient haut et fort : « tu m’as transpercé le cœur ! »), cette fleur symbolise la victoire et la réussite. Au temps des Romains, les gladiateurs vainqueurs étaient recouverts de glaïeuls par la foule en délire. Plus tard, Clovis, premier roi des Francs, a fait de l’iris l’emblème de la monarchie. La légende dit que cette fleur lui aurait permis de gagner la bataille de Vouillé en 507 : ses rhizomes (tiges souterraines porteuses de racines et de tiges aériennes) auraient indiqué à son armée un passage leur permettant d’échapper au piège tendu par les Wisigoths.

C’est sous le règne de Charles-Le-Chauve (petit-fils de Charlemagne) que l’iris est finalement remplacé sur le blason royal par la fleur de lys, ou fleur de lis, pour sa symbolique religieuse. Elle représente le fécondité et l’amour chaste 🤔 ainsi que la pureté.

La flore de l’art

Utilisées pour décorer les cheveux, honorer les défunts, orner les bouquets de mariées, embellir les jardins et décorer les maisons, les fleurs offrent un tel panel de couleurs, de formes et de senteurs qu’elles sont une source intarissable d’inspiration pour les artistes. Très présente dans l’art égyptien, la fleur est louée pour sa beauté, son parfum et ses vertus médicinales. Dans l’écriture, la gravure, la sculpture et la peinture, dans les bouquets et les jardins ornementaux, dans la photo, la haute couture ou dans le tatouage, les fleurs continuent indéniablement d’influencer le cours de l’histoire de l’art. Les peintures florales de Vincent Van Gogh lui ont permis de s’imprégner des nouvelles couleurs et techniques qui ont ensuite influé sur son œuvre et sa carrière 🌻.

Spectaculaire dans les œuvres d’artistes contemporains comme Takashi Murakami, Choi Jeong Hwa, ou Azuma Makoto, la fleur est un élément que la nature sublime au gré des saisons. Au Japon, lors de la saison d' »Hanami », les pétales de la fleur de cerisier qui s’envolent invitent les spectateurs à l’introspection et à l’appréciation du bonheur présent.

Publicités ornementales

En plus d’apporter fraîcheur, naturel et exotisme dans les publicités, la fleur est vecteur de messages agréables et de moments plaisants. La SNCF, dans une campagne de 2018, a offert à ses usagers un feu d’artifice floral pour les remercier. Kenzo et Sony ont quant à eux fait pleuvoir des fleurs sur la ville, dans des publicités pleines de douceur et de poésie… 🌺 🌸

Dites-le avec des fleurs… dans un logo

Plutôt associée à des concepts de légèreté et de richesse visuelle, la fleur est un élément graphique plein de vie, promettant mouvement et évolution. Naturellement usitée par les enseignes de jardinerie et les fleuristes, de nombreuses autres entreprises surfent sur la vague florale. Dans le secteur alimentaire, par exemple, la fleur se fait discrète comme chez Yoplait : six pétales agrémentent le logo et représentent les six coopératives de la marque. Chez Chupa Chups, la fleur du logo est psychédélique et exubérante à l’image de son créateur, Salvador Dali. Et pour Lotus ? Marque de papier toilette, de biscuit ou de voiture ? Symbole de la pureté du corps et de l’esprit, de la renaissance ou du mysticisme, cette fleur est la reine du grand écart ! Autres logos avec des pétales : Gaumont, que le fondateur a choisi pour rendre hommage à sa maman Marguerite et Huaweï, la marque de téléphone. Tout comme son logo, cette start-up s’est vite déployée dans le monde des solutions numériques…

De nombreuses marques et enseignes ont choisi le coquelicot comme emblème. Du rêve à la résurrection, en passant par la consolation, la paix, la fertilité ou la fragilité, cette fleur revêt beaucoup de sens. Ces qualités ont séduit La Boulangère et Avril Cosmétique. Et si l’association anti-pesticide « On veut des coquelicots » l’a choisi comme emblème, c’est pour sa fragilité et sa dépendance à la terre. Enfin, la rose : la force de ses épines et la délicatesse de son parfum et de ses pétales font d’elle l’incarnation de la luxueuse marque Lancôme (au commencement utilisée dans deux parfums en 1935, elle a depuis donné naissance à une variété unique, créée sur-mesure pour la marque). Pour le parti socialiste, c’est fermement serrée dans un point qu’elle est représentée : si douloureuse soit-elle, la lutte pour ses droits mène vers une meilleure qualité de vie.

Alors offrez des fleurs sans modération, à vos proches et à vos publics ! Et pour contourner les épines du langage des fleurs ou le logo à l’eau de rose, faites appel à des interprètes 😉…